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'round HONG KONG
(...) Des ruelles et des passerelles partout, infernal jeu de piste, tant de boutiques improbables ou l’impossible est permis, où dort l’improbable, où le ciel n’est pas la limite, l’essentiel n’a pas de limites. Voilà ce que donnent à voir les photos de Jean-Pierre Ruelle, ce patient foisonnement qui ne montre pas tout. Au-delà, c’est la nature, jamais loin, qui reprend ses droits, impose ses lois à la jungle urbaine. Hong Kong, pour qui prend le temps de la découvrir, est une cité paisible qui, si jamais son cœur de battre ne s’arrête, prend parfois le temps de souffler. Une sieste sur un banc, au soleil, un rendez-vous amoureux, un baiser volé, emprunté au temps qui file, des chiens errants qui se toisent, autant de moments d’intimité gelés par le photographe. (...)
Nicolas Keszei, juin 2015
Cheval de travail Trait contemporain
« Jamais le passé n’a eu autant d’avenir », a écrit en 1991 un moine breton, regardant des chevaux de trait tirant sur la plage des grumes destinées à être embarquées sur une barge. Ce moine était un visionnaire. Car, oui, le cheval de trait, quelle que soit sa race, sort des bois où il a, au fil des temps, été confiné au débardage, pour accomplir une multitude de tâches, et cela tant en ville qu’en milieu rural. Cet ouvrage n’a rien de mélancolique. Tout au contraire, il se place dans les pas du cheval de trait pour s’attacher à ce futur retrouvé.
En Ardenne
C'est dans le cœur de l'Ardenne qu'il faut chercher le regard profond des hommes, celui qui fait vivre au présent, tendu vers l'avenir. Alain Bertrand a puisé dans ses racines une forme d'universalité mêlant tendresse et humour qui restituent les habitudes, les manies, les rites de tout un peuple en mouvement. Jean-Pierre Ruelle a posé son objectif sur les paysages, sur les vaches, sur, un visage d'enfant perdu au coeur de la forêt. Ici, pas de clichés mais la vision aiguë de deux artistes qui aiment sentir les choses et qui osent entrevoir tous les aspects de leur Ardenne. Ils nous invitent à regarder du coin de l'œil pour apprécier au plus près ce pays aux cents visages, parfumé à l'odeur de terre, de sapinière, de jambon et de myrtille.
Note de l’éditeur:
Alain Bertrand et Jean-Pierre Ruelle nous présentent un “beau livre” de textes et de photos à partir d’un regard doublement singulier, s’éloignant d’une vision trop passéiste de l'Ardenne.
En tenant d'établir des correspondances, l'écrivain et le photographe se sont parfois concertés, mais pas systématiquement. Les deux approches se nourrissent, s’enrichissent. Leur souhait : émouvoir, faire sourire et réfléchir.
Il ne s’agit aucunement de donner de l’Ardenne une image lisse et clichée, mais d’oser une approche personnelle qui mette l’accent sur la vitalité d’un territoire et de ceux qui y vivent. Cette perspective implique un travail de création et non d’illustration. Chacun des auteurs fait le pari de regarder son pays autrement et de puiser dans ses racines une forme d’universalité. De telle sorte que leur ouvrage puisse être apprécié pour ses qualités artistiques aussi bien à Bruxelles qu’à Anvers ou Amsterdam.
Ce bel ouvrage en noir et blanc s’inscrit dans une volonté de renouveler le regard porté sur l’Ardenne, selon une perspective alliant tradition et modernité.
Complicité paysagère
Dominique Collignon (peintures) et Jean-Pierre Ruelle (photographies) se prêtent au dialogue de leur sensibilité commune.
C’est un chant à la terre, aux profondeurs de paysages jusqu’à l’imperceptible effacement! Comparable à la précision du trait, dans la mise en œuvre d’un dessin, l’image en noir et blanc impose sa haute définition autant que la diversité de son graphisme.
La lumière en décline les valeurs, module les surfaces en de généreux aplats. Plus étale, elle se diffuse, effleure des formes souples ou les suggère à peine. Plus ponctuelle, elle se distille en quelques coups d’éclats, quelques éclaboussures. Terre fertile dans sa densité de matière texturée, ses reliefs de fins maillages et de légers nappages.
Vapeurs de brumes, instants de ciel ! Des gris fluides de verre dépoli se lissent et s’apaisent, adoucissent les contrastes, arrondissent les volumes. Le photographe nous dit aussi sa volonté de l’eau, le plus souvent ses turbulences, au cœur même de l’effusion d’une nature échevelée.
Florale, végétale, plus largement paysagère, la peinture que pratique l’artiste virtonaise traduit l’humeur des jours et des saisons. Elle est faite d’impressions fugitives, de climats incertains, de moments d’exception comme en suspension. Elle communique avec le monde sensible, révèle sa part secrète de terre et de ciel intimement mêlés, une intériorité en harmonie avec les éléments. D’une énergie tranquille, la lumière s’insinue au cœur de la couleur. Vibratoire sous les glacis, elle dissout les formes et les rend vaporeuses, imprécises, allusives. Elle estompe les contours, amortit les ruptures. Perspectives forestières, miroirs d’eau aux reflets floutés, effets voilés installent une atmosphère toute de transparences, favorisent l’état de plénitude, de réjouissance sereine.
Hors de tout stéréotype, peinture et photographie s’accordent librement, se prêtent au dialogue de leur sensibilité commune. Elles se rejoignent par la qualité de leur lumière et leur perception complice d’un environnement choisi.
Pierre François